Save Me 2.0

-Comment tu peux en être aussi sûr ?

Sa voix n'avait été qu'un murmure. Si les hommes qui étaient venus un peu plus tôt avaient voulu emmener Daniel, ils n'auraient rien pu y faire. S'ils décidaient de revenir, ils ne pourraient rien y faire non plus. Et l'adolescent n'était pas dupes. Les colocataires ne roulaient pas sur l'or, et ils venaient déjà de l'acheter. Comment pourraient-ils racheter Daniel quand le pire arriverait ? Et il se sentait juste tellement impuissant.

-Parce que j'ai confiance en lui. Et que je ferai de mon mieux.

Il le regarda.

-Je ferai de mon mieux aussi, hyung. Me laissez pas en dehors de ça.

Il ne supporterait pas d'être mis à l'écart dans cette histoire, il le savait. Il avait besoin d'aider, de pouvoir faire de son mieux pour aider Daniel, de faire tout ce qui était en son pouvoir pour le sortir de ce merdier. Il ne pourrait jamais se le pardonner sinon.

-Je sais Jin'.

Il lui accorda un sourire. Chul devait également travailler de son côté. Il travaillera quelques heures de plus au magasin et demandera une avance sur sa paie. Par chance, ils atteignaient la fin du mois. Et, son compte bancaire raccroché à sa famille était encore disponible. Il n'aurait aucun mal -ou presque- à piquer dedans.

Il lui rendit son sourire puis se mit à réfléchir. Il avait déjà dû gagner de l'argent dans sa vie - après tout, il venait des quartiers pauvres - mais n'était pas sûr que la méthode convienne à ses colocataires. Un rictus apparut sur son visage en se rappelant que, de toutes façon, les deux n'avaient pas vraiment une vie très légale. Prenant une légère inspiration, il décida de se lancer.

-Pour l'argent... Je peux aider un peu, si tu veux. J'ai déjà...

Comment annoncer ça de manière plus jolie que les termes péjoratifs fréquemment utilisés pour décrire son activité ?

-... Subtilisé des objets de valeurs dans les manteaux et sacs des gens dans la rue...

Bon, il aurait pu dire ça plus délicatement mais il ne trouvait pas les mots. Détrousseur ? Pickpocket ? Happe-bourse ? Escamoteur ? Aucun ne sonnait si bien que ça. Donc autant l'annoncer comme il le pouvait. Il n'en était pas fier, mais n'en avait pas non plus honte. Par rapport aux pédophiles qu'on croisait tous les jours et aux gangsters qui se faisaient de plus en plus présents, il était loin d'être dans les pires personnes de cette ville.

Chul sourit maladroitement. (Après tout, il fallait bien s'en sortir dans la vie). Que répondre à cela? D'un côté, c'est une proposition bien moins dangereuse et amorale que la précédente et il souhaitait, lui-même, le moins possible recourir aux fonds familiaux dont il s'était juré de ne jamais toucher, même du bout des doigts -au moins il en prenait, au mieux c'était; et d'un autre... Il faudrait viser les gros poissons.

-Les riches alors.

Il le regarda, heureux que Chul soit d'accord avec son idée. Il allait pouvoir faire quelque chose.

-Evidemment, je ne vais pas voler ceux qui galèrent déjà à s'en sortir.

Par contre, ceux qui s'en mettait plein les poches sans rien faire de leur vie, ceux qui géraient des trafics illégaux, les héritiers qui avaient une fortune à dépenser et ceux qui remarqueraient à peine la disparition d'une petite fortune, il n'avait aucun problème à les voler.

Chul sourit plus franchement et termina de ranger tout cela. Un cliquetis, le parquet grinçant le fit relever les yeux sur Daniel tenant d'une main une cigarette et levant alors une demi-feuille pliée en deux de l'autre, la fourrant par la suite dans un tiroir. Ce dernier avait appelé plusieurs de ses clients réguliers. Près de la moitié refusèrent sa proposition, de peur qu'on ne débarque chez eux et qu'on vandalise leur nid ou par simple soucis de confort, ne voulant aucunement jouer la carte de la sûreté. Ils en trouveront d'autres. Pas besoin d'être si paranoïaque. Parallèlement, trois lui assurèrent d'être prudents. Un lui proposa, soucieux -mais fortement seul, de loger chez lui. Mais il refusa. Et quelqu'un lui avait téléphoné, entre deux appels pour lui assurer son aide, si les choses tournaient mal.

Il observa les deux colocataires du coin de l’œil, réfléchissant à la suite. Daniel avait l'air d'avoir commencé à prendre ses dispositions, mais qui savait ce qu'il avait fait ? Il supposait que Chul allait devoir travailler plus pour réunir la somme que l'organisation allait demander. Quant à lui, il connaissait les points stratégiques où il allait pouvoir faire son shopping. Mais est-ce que tout ça suffirait ?

Chul sourit et ébouriffa les cheveux du plus jeune.
-Aller, Arrête de t'inquiéter va, regardons la télé!Ou... ce que tu veux.

Daniel leva les yeux aux ciels en faisant tomber les cendres par la fenêtre, ayant dors et déjà ouvert un bouquin troqué dans un marché. Cela faisait quelque temps qu'il ne l'avait pas relu. Un précédant appel lui rappelant son existence et ses concepts.